Fabrice Nicolino est un journaliste défenseur de l’écologie, au travers de ses chroniques sur le sujet dans l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, via aussi son blog Planète sans visa et surtout par le biais de ses nombreux livres déjà parus : Pesticides, révélations sur un scandale français, avec François Veillerette (2007), Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde (2009), Biocarburants : une fausse solution (2010), Un empoisonnement universel. Comment les produits chimiques ont envahi la planète (2014). Lourdement blessé lors de l’attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, il se remet doucement et publie aujourd’hui ce livre qui devait justement sortir le 9 janvier dernier…
Etat des lieux désastreux de l’agriculture
Il s’agit d’un texte relativement court (130 pages) mais percutant, qui ne laisse pas indifférent : « Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture » est sorti le 17 septembre 2015 aux éditions Les Echappés, fondées par des acteurs de Charlie Hebdo (13,90 €).
Dès la première page, l’auteur fait mine de s’adresser à Raymond, ancien paysan, âgé de 90 ans, pour montrer comment cet ancien a, au cours de sa vie, pu constater le développement d’une agriculture intensive devenue incontrôlable, plaçant les agriculteurs dans une situation où ils sont pieds et poings liés à un système industriel agroalimentaire qui les broie. En 70 ans, les agriculteurs sont devenus une espèce en voie de disparition, victimes d’une modernisation qui les étrangle… Le monde à l’envers pourrions nous dire !
Fervent défenseur de l’agroécologie, Fabrice Nicolino rappelle les dégâts générés par l’invasion des molécules chimiques, le remembrement des technocrates, le rôle pas innocent de l’INRA, l’emprise de plus en plus large des ingénieurs agronomes et de la FNSEA. Oui, de Michel Debatisse dans les années 70 à Xavier Beulin aujourd’hui, les patrons du premier syndicat agricole sont presque des Ministres de l’agriculture tant ils ont l’oreille des présidents de la République alors qu’ils défendent malicieusement des intérêts industriels plus ou moins personnels derrière des paysans qui les croient sincères…
Malgré tout, l’espoir demeure car selon Fabrice Nicolino, si on a pu faire tous ces dégâts en si peu d’années, on doit pouvoir inverser la tendance et « construire un autre monde »…à condition de le vouloir et de s’en donner les moyens. « Une autre histoire est possible » !…
Ajouter un commentaire