NathVino Business, le pitch
L’enquête montre que l’univers de la viticulture française est en pleine mutation. Les prix des plus grands crus flambent à tel point que plus aucun français ne peut se les payer, que seuls les chinois les achètent au même titre que d’autres produits de luxe comme les parfums français. Sur ce marché mondialisé, la demande est toujours plus forte, les vins ont perdu leur charme suranné pour répondre à des principes marketing de plus en plus prépondérants. C’est ainsi que les investisseurs représentant de nombreuses fortunes, françaises ou étrangères, se tournent vers la vigne qui est devenue un placement rentable : la spéculation sur la terre fait ainsi disparaitre, progressivement beaucoup de petits exploitants incapables de faire face à l’inflation du foncier. Isabelle Saporta montre que la viticulture paysanne a laissé place à une industrie du vin, que les vignerons de Saint Emilion notamment se sont reconvertis en hommes d’affaires…souvent louches.
L’autre sonnette d’alarme que dénonce Isabelle Saporta concerne la pollution du vignoble bordelais qui ne cesse de croitre depuis plus de 20 ans : l’utilisation massive de pesticides avec les cancers qui en découlent des travailleurs de la vigne. Son courage va jusqu’à pointer la complaisance des critiques et l’omnipotence des oenologues, ainsi que les vins formatés aux copeaux de chêne.
Dans ce contexte, il est bien difficile aux quelques vignerons authentiques de conserver leurs terres pour faire des vins moins trafiqués voire naturels ou « élevés en biodynamie » mais ignorés des amateurs d’étiquettes. On s’interroge forcément, à la fin de ce documentaire, sur quel vin nous nous préparons à boire dans les prochaines années… Quand on pense que la vigne ne représente que 3 % de la surface agricole utile (S.A.U.) en France et qu’elle concentre près de 25 % des pesticides consommés, cela fait réfléchir, non ?!
Isabelle Saporta
Journaliste diplômée de Sciences Po, Isabelle Saporta a collaboré à Marianne, au Banquet (magazine numérique) ainsi qu’à France Inter dans les émissions de Jean-Pierre Coffe. Elle a publié en 2011 « Le livre noir de l’agriculture » (Editions Fayard).
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