Alors que tous les médias nous annoncent que plus de trente départements sont touchés depuis hier par des alertes maximales à la pollution aux particules, les Unes se concentrent sur la gratuité des transports en commun en Ile-de-France et dans d’autres villes, au titre des « mesures d’urgence » pour inciter les habitants à laisser leur voiture au garage ! C’est bien mais après, on fait quoi ?
De vraies mesures d’urgence pour une qualité durable de l’air
Le ministre de l’Ecologie Philippe Martin a beau dire que la qualité de l’air est « une urgence et une priorité pour le gouvernement », il ne prend aucune mesure de fond pour y remédier sur le long terme. Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) demande l’instauration de la circulation alternée prévue par l’arrêté préfectoral du 27 octobre 2011 dès lors que le seuil d’alerte est dépassé deux jours de suite, dans les épisodes de pollution au dioxyde d’azote ou aux particules fines. Ne rêvons pas, les mesures d’urgence telles que l’annulation des activités physiques et sportives en plein air ou en extérieur dans les établissements d’enseignement, la réduction de la vitesse sur certains axes, le détournement du trafic poids-lourds, les restrictions d’activité industrielle, la gratuité des transports en commun, Vélib’, Autolib’ à Paris ou l’interdiction des feux de cheminées ne renversent pas la tendance car peu de gens changent leurs habitudes et personne ne surveille tout cela.
La pollution aux PM10 (particules inférieures à 10 micromètres) et aux poussières de compositions diverses (chauffage au bois et au fioul, industrie, moteurs essentiellement diesel en ville), se développe quand les conditions anticycloniques offrent de belles journées chaudes et ensoleillées qui se conjuguent avec des nuits froides, empêchant ainsi la dispersion des émissions polluantes.
Outre l’asthme, les allergies, les maladies respiratoires ou cardiovasculaires, qui se multiplient du fait de la pénétration de ces particules dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires et le sang, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé certaines comme cancérogènes. La France va-t-elle s’en tenir uniquement au principe du pollueur-payeur puisqu’elle pourrait être condamnée à payer plusieurs dizaines de millions d’euros d’amende, du fait des trop nombreux dépassements des valeurs limites européennes ?
Arrêter le tout diesel !
« Ce qui se passe valide ce que nous avons toujours dit, et démontre qu’il faut plus d’écologie », lâche Pascal Canfin, ministre délégué français chargé du Développement. Comme l’a dit Christophe Najdovski, candidat EE-LV en campagne à Paris, on « a sacrifié la qualité de l’air en favorisant le diesel » : le parc automobile est à 70% équipé de moteurs diesel, premier responsable de l’augmentation de l’émission des particules fines. Est-ce qu’un gouvernement aura le courage de se battre contre ce scandale sanitaire majeur, et par voies de conséquence contre les lobbys de l’industrie automobile ?
Pour ce faire, il faudrait réfléchir à :
– restreindre la circulation automobile dans les centre-ville et/ou interdire les véhicules les plus polluants (péage urbain, taxation des conducteurs solos…).
– diminuer la vitesse autorisée de 50 km/h à 30 km/h en centre-ville et encourager les déplacements en vélo.
– classifier les véhicules selon leurs émissions afin de limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans certaines zones réservées aux véhicules à faibles émissions, avec pénalités et contraventions à l’appui. Ces zones sont ce qu’il y a de plus efficace en matière de diminution des concentrations en dioxyde d’azote et en PM10 (particules fines inférieures à 10 micromètres).
– inciter au renouvellement du parc de voitures diesel afin qu’elles soient équipées d’un filtre à particules.
Ajouter un commentaire