Stéphane Le Foll, nouveau ministre de l’Agriculture français souhaite l’interdiction du pesticide Cruiser (Syngenta) utilisé pour le colza et véritablement suspecté d’accroître la mortalité des abeilles. L’ interdiction effective devrait se faire d’ici quelques semaines. En attendant, il a décidé de saisir la Commission européenne et l’Autorité européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) sur ce sujet.
Le dernier avis de l’Anses (agence sanitaire de l’environnement et de l’alimentation), remis aujourd’hui au ministre, démontre clairement l’impact du Cruiser sur la mortalité des abeilles, ce qui explique que le Ministre envisage de retirer au produit son autorisation de mise sur le marché. Syngenta a 15 jours pour faire part de ses observations.
L’avis de l’Anses fait suite à la publication dans la revue Science d’une étude française attestant d’effets nuisibles sur les abeilles du thiametoxam, insecticide de la famille des néonicotinoïdes, qui constitue une des trois substances actives du Cruiser OSR, utilisé pour le traitement du colza. Les chercheurs on pu mettre en évidence « un effet néfaste d’une dose sublétale de thiamethoxam sur le retour à la ruche des abeilles butineuses ».
Elle admet que « dans les conditions de pratiques agricoles actuelles », l’exposition des abeilles au thiamethoxam via les résidus de nectar de colza « est inférieure à la dose utilisée dans l’expérience », mais estime qu’une exposition à cette dose « ne peut être totalement exclue dans des circonstances particulières ». Elle relève aussi que d’autres études « ont récemment mis en évidence certains effets néfastes de l’exposition à des doses sublétales de néonicotinoïdes sur l’état de santé des colonies de bourdons et d’abeilles ». « En lien avec l’Efsa », l’Anses recommande donc de poursuivre les travaux de recherche et appelle à une « évolution de la réglementation européenne » qui permettrait, lors de l’évaluation des produits phytopharmaceutiques, d’intégrer les résultats des expérimentations prenant en compte « les effets sublétaux d’une exposition aux néonicotinoïdes ». Elle demande aussi d’« engager une réévaluation au niveau européen des substances actives néonicotinoïdes (thiamethoxam, clothianidine,…) sur la base des données scientifiques nouvelles issues des études récentes ».
Est-on en bonne voie pour rompre avec « l’attentisme des ministres précédents, trop sensibles au lobby de l’industrie », comme le dit un député ?!
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