Pour dénoncer le manque d’intérêt porté à l’écologie par les candidats à l’élection présidentielle, le collectif « Les Vertes de rage », créé en février 2010 en réaction aux propos d’Elisabeth Badinter* sur l’écologie et le féminisme, ont lancé un appel :
Notre société mécaniste, fragmentée, inégalitaire, prédatrice pour les êtres humains et les ressources naturelles et toxique pour tous n’est pas celle que nous souhaitons pour nos enfants, pour nos familles, pour tous ceux qui en subissent les conséquences, ici comme ailleurs dans le monde, car elle est déconnectée des stratégies élémentaires de la vie : coopération, interdépendance, unité et stabilité, créativité et adaptation.
Le modèle économique qui la sous-tend, envahi par une finance toxique, est un broyeur déchiqueteur pour le monde vivant, à commencer par les hommes et les femmes. Aujourd’hui les copeaux s’enflamment et le monde prend feu de toute part.
Nous pensons que les candidats de la campagne aux présidentielles 2012 sont irresponsables lorsqu’ils n’abordent pas l’écologie ni dans leurs discours, ni dans leurs actes. L’écologie n’est pas seulement une «discipline» politique et scientifique : il s’agit de préserver les conditions élémentaires de la vie !
Nous pensons que les générations politiques actuelles font preuve d’une véritable déconnexion avec le monde réel quand elles méprisent à la fois le cycle de la vie et l’origine des matières premières qui fondent l’économie ainsi que l’impact de leur raréfaction future pour les générations à venir.
Ignorer les questions d’écologie revient à faire de la politique les yeux bandés et les oreilles bouchées. Bref, une politique de vieillard égotique cramponné à son pouvoir comme à un déambulateur.
Au nom du principe de réalité,
- Nous les Vertes de rage souhaitons rappeler aux candidats que l’écologie n’est ni une lubie ni un luxe mais une impérative nécessité pour aller de l’avant : les valeurs qui la sous-tendent peuvent, elles seules, changer le monde en misant sur la re-localisation, la sobriété énergétique, les énergies renouvelables et l’abandon du nucléaire -péril majeur et gouffre financier insoutenable-, une économie sociale et humaine fondée sur les ressources réelles, -eau, sols, soleil, forêts, air…-.
- Nous les Vertes de rage revendiquons d’autres valeurs que celle du progrès matérialiste : nous exigeons des politiques audacieuses pour inventer et construire les filières industrielles de demain, basées sur les green technologies et les énergies renouvelables, la coopération et la collaboration, …, filières dont nous avons besoin pour surmonter les crises actuelles et lancer la 3ème révolution industrielle, écologique et durable qui créera des milliers d’emplois.
- Nous les Vertes de rage savons, et vous aussi, que les plus défavorisés sont aussi ceux qui subissent de plein fouet les conséquences dramatiques de nos pollutions, et qu’ils sont les premières victimes de la précarité énergétique. Pollutions et inégalités sociales s’additionnent pour faire supporter une «double peine» aux plus démunis.
- Nous les Vertes de rage, revendiquons des politiques misant sur les liens humains, non plus seulement sur les biens, et sur une revalorisation des places des femmes dans la société.
- Nous les Vertes de rage revendiquons la prise de conscience de notre unité fondamentale avec le monde vivant, -donc réel- et ses valeurs d’équilibre et de stabilité, et en appelons à d’autres modes de pensée que la science mécaniste et réductionniste pour décrypter les enjeux de notre juste place dans le monde vivant car nous savons que la dégradation de nos milieux de vie menace notre équilibre physique, physiologique, psychique, émotionnel et met en péril l’Humanité entière.
- Nous les Vertes de rage, n’acceptons plus cette société polluante, inégalitaire, aveugle et sourde à l’égard des enjeux environnementaux où les ambitions des femmes sont encore déçues, leur ascension sociale en panne et où elles sont encore si mal représentées dans les instances dirigeantes. Nous construisons et appelons à une société «autre», plus juste, plus consciente des enjeux écologiques. Nous avons reçu un patrimoine écologique, social et démocratique dont nous ne sommes que les légataires, non les propriétaires. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour réaliser notre devoir : le transmettre.
- Nous les Vertes de rage, nous engageons à participer à la création urgente de ces nouvelles bases, et à valoriser celles et ceux qui, un peu partout, ont commencé à inventer ce monde nouveau. Il n’est plus l’heure de se demander si un autre monde est possible : TOUT A DÉJÀ COMMENCÉ, et ne demande qu’à être relayé et amplifié par le politique …
Tout ceci serait ridicule si ce n’était dramatique. Les victimes collatérales de vos jeux virtuels sont bien réelles, ce sont des hommes, des femmes, mais aussi la planète Terre, socle de toute vie, de toute économie, de toute société. Vous nous condamnez à un suicide auquel nous ne consentons pas.Aussi, nous Vertes de rage, nous appelons à entrer en résistance.
Déjà, dans la terre, dans nos maisons, dans nos économies, les résistants sont là :
- Ces agriculteurs locaux qui résistent contre une forme d’agriculture devenue l’industrie la plus toxique de la planète.
- Ces femmes qui tournent le dos à la surconsommation, et choisissent le bio malgré les fins de mois difficiles.
- Ces chefs d’entreprise qui s’engagent sur la voie du produire autrement contre la délocalisation, dans une économie circulaire, moins carbonée, en partageant les responsabilités selon les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Produire non pas « toujours plus » mais « mieux », Mieux socialement, mieux économiquement, mieux équitablement !
Il n’y aura pas de liberté d’égalité de fraternité si nos écosystèmes s’écroulent sous nos pieds. Il n’y aura pas de liberté, d’égalité, de fraternité, si nos démocraties sont livrées au pouvoir financier. Partout, l’insurrection de la société civile est en marche dans la résistance aux schémas de l’argent ROI !
Nous les Vertes de rage sommes en résistance contre :
- La guerre menée par la Finance contre les peuples.
- La guerre que mènent ceux qui dévient l’Europe de son projet initial, fédérateur et pacificateur.
- La guerre sociale dont les morts et les blessés sont les chômeurs, les précaires, les invalidés du travail, les étudiants et les jeunes à l’avenir de plus en plus compromis, les enfants parqués dans des salles de classe, où jour après jour, de valeureux enseignants en sont réduits à mordre un peu plus la poussière… bien loin du projet éducatif républicain de notre pays.
- La guerre d’un monde où les pollutions – de notre air, de notre eau, de nos sols, de notre alimentation – constituent la peste des temps modernes.
Les résistant-e-s sont là, nous sommes là et nous voterons !
Le collectif « Vertes de rage » a été créé à l’initiative de professionnelles de l’écologie engagées depuis plus d’une dizaine d’années dans leurs métiers pour revendiquer les valeurs communes de l’écologie et des femmes : Nelly Bonnefous (Rédactrice en chef), Odile Chabrillac (Fondatrice The different magazine), Isabelle Delannoy (Journaliste et co-scénariste du film « Home »), Pascale d’Erm (Journaliste et présidente EcoMamans), Anne Ghesquière (Fondatrice FemininBio.com), Laurence Mermet (Conseillère information écoresponsable) et Laure Noualhat (Journaliste Libération). Elles sont avant tout femme, sœur, fille, mère, épouse. En somme, « être humaine ».
* Elisabeth Badinter avait lancé « écolos, nouveaux machos » et pensait voir dans la « sanctification de la mère et l’écologie radicale, un danger pour les droits des femmes ».
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